Il faut que mes mots pleurent.
Il faut qu'ils saignent.
Il faut que je les laisse me blesser, m'écorcher...
Pour me guérir.
Il ne faut pas que je leur interdise de dire leur détresse et leur chagrin.
Leur rage, leur colère, leur déception aussi.
Il ne faut pas que je les censure, que je voile mes émotions.
Il faut que je laisse mes mots fuser, qu'ils fassent voler en éclats tous ces faux sourires.
Il faut que je les laisse cracher ce venin pour ne pas qu'il me ronge de l'intérieur.
Il faut que mes mots parlent au nom de tout ce qu'il y a de vivant en moi.
Il faut qu'ils disent...Je les implore de ne pas rester muets.
Je vous en prie, je vous en conjure, mes mots... dites ce que j'ai là
Dites le, vous, que j'ai mal.
Dites le que ma croix est lourde.
Trop lourde. Beaucoup trop lourde.
Ne vous gênez surtout pas, dites ce que vous voyez au fond de mon cœur.
Tout, dites tout.
Ne vous détournez pas de la vérité.
Ne tournez pas autour du pot, ne brodez pas, n'imagez pas ce que vous voyez
Dites toute cette boue qui me submerge
Ce que vous avez à dire n'est pas beau ?
Qu'importe...Je ne veux pas écrire de jolies choses, juste que vous m'aidiez à exorciser ma souffrance
Si vous ne dites rien, elle m'engloutira.
N'embellissez pas la laideur, par pitié !
Empêchez moi de vous faire taire, ça serait ma perte.
Je me moque bien que vous soyez laids, violents, impitoyables pourvu que vous parveniez à m'extirper de cet état.
Que vous parveniez à me libérer de cet abîme odieux
Que vous réussissiez à me conduire sur le chemin de la sérénité
Pourvu que vous soyez, tout court.
Ne craignez pas que l'on vous juge trop sévèrement, que l'on vous prétende injustes
Ne m'abandonnez pas, sans vous je ne serais définitivement plus rien.
Il faut que mes mots disent, oui... il le faut.
Ne vous taisez pas.
Dites ce que vous voulez, mais dites le lui...
